jeudi 4 avril 2019

Opération Collybita 2019

Le groupe LPO constitué sur Moulins pour travailler sur les passereaux de la Réserve Naturelle Nationale du Val d’Allier a franchi un pas technique supplémentaire en effectuant un recensement des Pouillots véloces migrateurs sur l’ensemble de la RNNVA le 24 mars dernier, par la technique du Distance Sampling. L’objectif était d’abord de se former à des techniques de comptages, mais aussi de tirer des renseignements concrets de cette matinée de terrain. Douze ornithologues bénévoles ont bien voulu participer à l’opération Collybita en ce frais matin du 24 mars ! Merci à Eliane, Nicolas, Jean-Paul, Thérèse, Patrice, Marie-Agnès, Sylvie, Maxime, Jean-Christophe, Hugo, Sandrine !

26 transects perpendiculaires à l’axe de la rivière ont été utilisés, totalisant 23 km de parcours. Ces transects sont un échantillonnage représentatif de l’ensemble de la RNNVA. L’ensemble de l’équipe a parcouru ces transects le dimanche 24 mars entre 8 et 11 h du matin, avec des conditions météorologiques excellentes quoiqu’un peu fraîches au départ.

Nous avons observé 358 pouillots véloces, l’énorme majorité étant des chanteurs (96%). Tous ces individus ont été situés sur un plan au 1/2000 environ pour mesurer leur distance à l’observateur et analyser les données en Distance-Sampling

L’analyse standard par Distance Sampling donne d’excellents résultats , et c’est déjà un premier objectif atteint ! Le graphe ci-dessous montre une très bonne adéquation entre nos données de terrain (en bleu) et la courbe théorique avec de bons tests statistiques.


La fourchette d’estimation du nombre de pouillots sur la RNNVA est de 2136 individus (de 1696 à 2690 avec l’intervalle de confiance à 95%), chiffre étrangement proche de celui trouvé en mars 2016 (voir : http://distancesampling.blogspot.com/2016/06/le-distance-sampling-pour-les-nuls.html ). Un biais d’observation est visible et prévisible à courte distance : moins de pouillots que prévu à moins de 10 m de l’observateur (probablement parce que nos trajets passent dans des trouées avec un espace assez large sans buissons). Des données à longue distance (outliers au-delà de 150 m) viennent aussi fausser un peu l’estimation (les observateurs ayant de trop bonnes oreilles sont responsables d’une distorsion !). Si on effectue une seconde analyse avec deux petites troncatures pour les courtes et longues distance, le résultat est encore meilleur, et logiquement amène à des effectifs estimés un peu supérieurs : environ 2500 pouillots sur 1450 ha.
Les densités de nicheurs étant 5 fois plus faibles, nous pouvons en conclure que la grande majorité des pouillots présents en mars sont des migrateurs (et d'ailleurs rien ne prouve que ce soit ceux-ci qui vont rester nicher dans la RNNVA) et que cette première vague de migrateurs est constituée de mâles essentiellement.
Un travail d’analyse beaucoup plus approfondi est en cours et sera publié dans les mois qui viennent.


lundi 1 avril 2019

La gestion des espaces naturels s’adapte au changement climatique avec un troupeau de Gnous

Quel drôle d’effet que de tomber nez à truffe avec de tels animaux en Europe , en milieu sauvage , en plein val d’Allier ! Et oui, ce ne seront pas des moutons qui vont inaugurer la reprise du pâturage dans la RNVA, mais bel et bien des herbivores africains, jugés plus aptes par le Conservatoire des Espaces Naturels de l’Allier (toujours désireux de « faire reculer la forêt »), et qui est gestionnaire de ce petit troupeau.


En lien avec le conservateur de la RNVA (qui a suivi un stage de 15 jours en pays Masaï en octobre dernier), ces quatre premiers gnous auront donc la lourde charge d’entretenir des espaces ouverts dans ces grands méandres colonisés par les prunelliers suite aux enrochements et à la moindre fréquence des crues (secteur de Tilly notamment). Ces quatre premiers individus seront suivis par une douzaine d’autres dans le courant du mois de mai.

Deux questions sont encore sans réponse :
- quid des tendances migratrices de l’espèce à filer vers le sud une fois par an ?
- si cette population se développe, comment la contrôler ? Le CEN Allier se pose la question de la régulation naturelle par l’introduction des prédateurs attitrés de l’espèce, dès 2020.

Photos F.GUELIN, Tilly / Châtel-de-Neuvre - 1er avril 2019